Luthimate, luthier à Sens20mai

Duoday : L'artisanat se mobilise pour l'alternance inclusive

20/05/2021
Le 27 mai prochain aura lieu la 1ère édition de l'Alternance par DuoDay, journée nationale dédiée à l'alternance inclusive dans les TPE-PME et la fonction publique. La CNAMS se mobilise pour valoriser les bonnes pratiques de ses adhérents, artisans de coeur qui ouvrent leurs portes aux apprentis en situation de handicap. Entretien avec Damien Bonvarlet, luthier à Sens.

Luthier autodidacte, Damien Bonvarlet fabrique et répare des guitares et des basses dans son atelier de la zone des Vauguillettes à Sens. Installé depuis 2004, il compte aujourd'hui dans son entreprise trois employés dont un apprenti en situation de handicap.
 
 
Pourriez-vous nous expliquer votre démarche ?
 
Je suis artisan luthier depuis quelques années maintenant, et il m'arrive de prendre dans mon atelier des apprentis issus de l'ITEMM - Institut technologique européen des métiers de la musique, en formation "Lutherie - réparateurs/trices et facteurs d'instruments".

L'année dernière, l'ITEMM m'a sollicité pour prendre en apprentissage à un jeune qui présentait des troubles de dyslexie. 

Je connaissais les principes de base de ce handicap mais de façon un peu caricaturale, et j'ai pensé que dans mon métier essentiellement manuel, ce trouble n'était pas un frein. 

J'ai donc accueilli ce jeune au sein de l'atelier à partir de septembre 2020, dans un contexte où, du fait de la situation actuelle, nous avons vu un accroissement des demandes de réparation d'instruments de musique.

 
 
Pourriez-vous nous expliquer votre quotidien avec votre apprenti
 
Il intervient uniquement au sein de l'atelier et il se montre extrêmement performant pour les réparations qu'il maîtrise et dont il a appris et surtout compris les gestes au sein du Centre de formation. 

Quotidiennement, il est demandeur en terme de travail : il a besoin d'avoir une charge de travail et est très à l'aise sur des tâches qu'il maîtrise, même si elles sont répétitives. Et dans ce cas, il montre une capacité à s'intéresser et s'enthousiasmer extraordinaire.

Au contraire, si nous avons une baisse d'activité, il peut vivre mal le fait de ne pas avoir de réparations à effectuer. A titre d'exemple, si j'ai eu recours à l'activité partielle pour mes autres salariés, j'ai évité de le mettre en place pour lui car je sais que cette situation peut occasionner des inquiétudes. 

Il peut aussi être mal à l'aise sur des tâches et des situations qui demandent de l'improvisation et de l'adaptation. Dans ce dernier cas, il faut se montrer à l'écoute et savoir expliquer ses attentes.

 
 
Avez-vous pris des mesures particulières pour son accueil dans votre établissement ?
 
La première des choses a été de comprendre et de me renseigner sur ce handicap.

Nous avons organisé une réunion avec mon équipe et une neuro-psychologue de LADAPT qui nous a accompagnés - et qui nous accompagne encore - dans l'accueil de ce jeune, à comprendre la particularité des troubles DYS et les mesures à prendre pour favoriser son intégration.

J'ai vite compris qu'il fallait fixer un cadre : en effet, le but de l'apprentissage est de découvrir le monde du travail, apprendre le geste mais également à s'adapter à une structure dans laquelle il y a d'autres employés, des clients, des fournisseurs, des règles sociales, un environnement, etc. 

Surtout, nous sommes une petite entreprise et ce n'est pas à "elle" de se transformer : son rôle est d'accueillir et permettre à chacun de pouvoir travailler et s'épanouir ensemble. 

Donc, nous avons pris des mesures pour lui permettre de se sécuriser au sein de ce nouvel environnement mais toujours en respectant l'ensemble de l'équipe et l'entreprise, lui compris.
 
Aujourd'hui, nous tenons compte de son planning, de ses besoins de "régularité" dans son travail et, sachant quelles sont les tâches sur lesquelles il est à l'aise, nous lui laissons ces réparations à faire. Et je dois dire que dès lors qu'il est dans sa zone de confort, il va s'émerveiller et il peut se montrer plus performant que moi.

Et dans l'artisanat où certaines tâches sont récurrentes, ces profils neuro-atypiques est parfaitement adapté et performant.


 
Êtes-vous accompagné dans cet apprentissage ?
 
Je suis toujours en contact avec ses référents au sein du Centre de formation et les équipes de LADAPT, de l'AGEFIPH.

Accueillir un jeune en situation de handicap, c'est du temps, de l'attention, une obligation d'adaptation. Certes, c'est le cas pour tout accueil d'un apprenti, mais certains handicaps nécessitent une adaptation y compris de la structure, ainsi que des aménagements.

Il est important d'être accompagné en amont pour vérifier l'adaptabilité de son entreprise à ce type d'accueil, et pendant tout le long de l'apprentissage pour que le jeune puisse s'épanouir.
 
 
Luthimate, luthier
Damien Bonvarlet

10 Rue des Champs Pluviers, ZI des Vauguillettes, 89100 SENS

https://www.luthimate.fr

 
La journée nationale de l'alternance inclusive
 

Chaque année, des offres d'emploi en alternance restent non pourvues faute de candidats alors que dans le même temps un certain nombre de personnes, dont certaines en situation de handicap, ne trouvent pas d'employeur pour réaliser leur contrat d'apprentissage ou de professionnalisation.

Le secrétariat d'État chargé des Personnes handicapées, Pôle emploi, Cap emploi, l'Agefiph, le FIPHFP, le Réseau des Missions Locales et l'ALGEEI, se mobilisent pour une opération spéciale « Alternance par DuoDay ». Une seule ambition : favoriser la rencontre directe entre l'offre et la demande d'emploi en créant une journée nationale alternance & handicap le 27 mai 2021.

L'opération cible en particulier les employeurs publics et les TPE/PME de moins de 500 personnes, sans être exclusive.
 
 
Alternance par DuoDay vous permet :
 
De vous informer sur les dispositifs d'aides et sécuriser votre recrutement en participant à des webinaires organisés dans toute la France ;

De valoriser lors d'une opération nationale vos offres d'emploi en alternance et de diversifier votre sourcing en découvrant de nouveaux talents en situation de handicap, jeunes ou adultes en reconversion professionnelle (pas de limite d'âge pour l'apprentissage en situation de handicap). 80 % des handicap sont invisibles.
 

Cette 1ère édition Alternance par DuoDay a lieu le jeudi 27 mai.

  • Pour une mise en relation directe entre les offres et les demandes de contrats d'alternance, rendez-vous sur salonenligne.pole-emploi.fr.
  • Pour retrouver le programme des webinaires, cliquez ici ! 
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